Les observateurs des tendances du commerce de detail predisent une ere phigitale

Le numerique doit completer l'experience en magasin physique, et non la remplacer

"La technologie devrait être utilisée pour améliorer l'expérience en magasin et non pas seulement sans but ou pour le plaisir", explique Giuseppe Stigliano, PDG de Wunderman Thompson Italie, l'agence de publicité de renommée mondiale. Lors du salon de la chaussure Micam Milano 2020, il a expliqué, avec ses collègues experts en retail Michael Ferraro (Fashion Institute of Technology) et Lutz Walter (European Technology Platform for the Future of Textiles and Clothing), l'impact de l'ère numérique et a esquissé le paysage du retail de demain. Un paysage phigital: les magasins physiques continueront d'exister, mais seront améliorés grâce à des mises à jour et des fonctions numériques.

s'ameliorer sans reinventer la roue

Nouvelles regles du jeu

Giuseppe Stigliano (Wunderman Thompson Italy) propose d'entrée de jeu que les entreprises établies n'en restent pas là. Les entreprises bien ancrées dans le retail ont développé leurs activités et leurs compétences à une époque complètement différente. "Logiquement, ces entreprises ne disposent pas aujourd'hui des outils et de l'état d'esprit nécessaires pour survivre à l'ère numérique", déclare M. Stigliano. "Pensez aux saliniers qui, pendant des siècles, ont eu le monopole de la conservation des aliments. L'invention des réfrigérateurs a bouleversé leur monde et a complètement changé les règles du jeu. La situation qui existe actuellement dans le retail est similaire."

valeur ajoutee

Mais rompre des habitudes de longue date, voire séculaires, n'a rien d'évident. Aujourd'hui, alors que nous ployons sous les gadgets, les applications et une vague intelligente, nous réalisions que l'innovation n'est pas nécessairement synonyme de technologie. "Posez-vous la question", poursuit M. Stigliano, "cette mise à jour représente-t-elle une valeur ajoutée pour mes clients? Si oui, foncez et tentez l'expérience. Sinon, c'est la technologie pour le plaisir. La seule façon de persuader vos clients d'utiliser réellement des appareils ou des applications numériques en magasin est de savoir ce qu'il attend de vous. Si votre client veut avoir trouvé ce qu'il cherchait en dix minutes, vous devrez peut-être penser à installer un localisateur de magasin. Posez-vous les bonnes questions: qui dois-je servir et que veut-il? Le détaillant ne doit pas non plus perdre de vue l'importance de l'interaction humaine. "Les algorithmes font beaucoup, mais ils ne sont pas infaillibles et ne peuvent en aucun cas remplacer les êtres humains. En tant que détaillant, on ne vous demande pas de réinventer la roue - mais d'essayer de nouvelles choses ici et là et de répondre aux besoins du client."

dernieres technologies

En tant que PDG du FIT/Infor Design and Technology Lab de l'Institut technologique de la mode, Michael Ferraro s'intéresse aux technologies numériques et à leur influence sur le monde de la mode depuis 1969. Dans le laboratoire, les professeurs et les étudiants conçoivent, construisent et testent toutes sortes de concepts innovants de production, de marketing et de vente au détail à appliquer ensuite sur le terrain. "Nous développons actuellement une application qui permet aux détaillants de créer une visite virtuelle du magasin à partir de laquelle ils peuvent tout gérer - de la visualisation du stock et des collections à la planification complète."

 

l'intelligence artificielle dans nos magasins

"Nous expérimentons également l'intelligence artificielle", poursuit Ferraro. "Nous recherchons des moyens efficaces pour aider à mieux servir les consommateurs et à faire passer l'expérience d'achat à un niveau supérieur. L'application Complete the Look, par exemple, émet des propositions basées sur les préférences des consommateurs qui iraient bien avec les vêtements déjà choisis. Par exemple, cette technologie est intégrée dans des miroirs interactifs intelligents qui pourraient être placés dans les cabines d'essayage. Ces miroirs plaisent aux consommateurs, les guident lors de l'essayage et leur font des suggestions. Mais cela va encore plus loin: les miroirs peuvent aussi être connectés aux réseaux sociaux, ce qui permet au miroir de faire des suggestions en fonction de ce que, par exemple, les influenceurs des médias sociaux ont déjà acheté et porté. Cela rend l'expérience d'achat beaucoup plus riche."

l'importance de l'economie partagee

Lutz Walter (European Technology Platform for the Future of Textiles and Clothing) s'accorde pour dire que la numérisation est une tendance clé qui influence fortement l'industrie d'aujourd'hui. Les tendances de la durabilité et de la circularité, ainsi que de la collaboration/économie partagée, montrent également leur importance dans plusieurs secteurs. Ce dernier point, en particulier, a connu une croissance rapide ces dernières années. "Nous le devons à l'infrastructure informatique et de communication, aux logiciels et aux applications, aux plateformes numériques et aux réseaux sociaux, aux systèmes de paiement et à la logistique, autant de développements au sein desquels une économie partagée est en train de s'épanouir", déclare Walter. "Une entreprise basée sur l'économie partagée se développe très rapidement - regardez Uber ou Airbnb, qui sont tous deux des cas d'écoles. Ces services sont utilisés dans le monde entier depuis à peine une décennie, et les entreprises ne possèdent ni voiture ni biens immobiliers. C'est là que réside leur succès, le fait qu'ils sont exempts de coûts fixes et peuvent s'appuyer sur les infrastructures et les services existants ou utiliser les produits disponibles."

la confiance du consommateur

Walter évoque également le fait que ces entreprises réagissent très vite aux manquements que rencontrent les consommateurs et leur offrent une solution rapide et facile. "De plus, ils ont l'avantage d'avoir pu gagner la confiance des consommateurs", ajoute-t-il, "d'une part grâce à une stratégie de marque efficace et d'autre part en misant sur la transparence. L'économie partagée n'existe donc pas par besoin de partager avec les autres, mais plutôt parce qu'elle rend la vie des consommateurs plus pratique, plus flexible, plus rentable et - tout aussi important - plus amusante, tant au travail que dans leur vie privée." Walter fait également remarquer que la participation à l'économie partagée est très difficile pour le petit commerçant du coin. "Toutefois, quiconque ne ressent pas encore l'impact de cette évolution peut être sûr que la situation aura changé d'ici cinq ans."