Le secteur de la chaussure 1er trimestre 2020 vs. 2019
sous le signe du coronavirus

Le premier semestre de 2020 a vu le monde entier ébranlé par une pandémie, la pire depuis plus d‘un siècle. Personne ou presque n‘a été épargné: l‘industrie, le commerce, l‘horeca ... Et bien sûr, le secteur de la chaussure ne fait pas exception. Les plusieurs semaines de confinement ont lourdement affecté les activités de notre secteur. Le baromètre commercial révèle d‘ailleurs des résultats catastrophiques: pour le premier semestre de 2020, les magasins de chaussures ont vu leur chiffre d‘affaires dégringoler de 30%, et le nombre de paires vendues de 26,5%.
l’ensemble du pays a ete touche
Dans cet article, nous ne revenons évidemment que sur le premier semestre. Il est rare que les résultats du baromètre commercial soient identiques dans tout le pays. Au cours des six premiers mois de l‘année dernière, on observait des différences assez importantes entre le nord et le sud du pays. En 2020, ce n‘est pas le cas. Les chiffres dont nous disposons suivent la même courbe dans toutes les régions. Il n‘y a guère de différence non plus entre les villes et les communes plus rurales, et même les centres touristiques souffrent autant que le reste du pays. Pour tous, la période s‘achève sur une perte entre -27% et -37%.
magasins en ligne
Nous ne parlons que des résultats des magasins de chaussures indépendants ‘physiques‘, et non des succursales ou des grandes boutiques en ligne. Ces dernières ont bien sûr pu profiter de la situation. Si tous les magasins sont fermés, les acheteurs optent pour les achats en ligne, en général auprès de grands acteurs internationaux, qui pourraient bien avoir enregistré une augmentation des ventes au cours du premier semestre. Toutefois, ces résultats sont difficiles à obtenir. Les médias spécialisés donnent des indices à ce sujet, mais la réalité derrière Amazon et les autres bol.com est tout sauf transparente.
Statut à part
En outre, les boutiques en ligne étrangères bénéficient d‘un statut à part: elles ne sont pas soumises à la législation belge, et ne sont donc pas soumises à la législation relative aux réductions telles que les périodes de fermeture, les soldes, les ventes combinées ou les ventes à perte. Non seulement elles peuvent continuer à vendre leurs marchandises pendant les fermetures de magasins, mais elles ne sont soumises à aucun contrôle sur leur façon de faire. Et pour couronner le tout, ces entreprises ne paient aucun impôt ici. Comment rivaliser?
Soldes et presoldes
Afin de soutenir au maximum nos propres magasins, le législateur a jugé bon de reporter d‘un mois la période de présoldes et de soldes. En soi, c‘est une initiative louable, à condition que tout le monde respecte la loi, mais ce n‘est malheureusement pas le cas. A une seule exception près, des réductions de toutes sortes ont été appliquées dès la réouverture des magasins. Le mois de mai est devenu le mois des remises, juin a ressemblé à une période de présoldes et en juillet, on aurait pu croire que les soldes avaient bel et bien commencé.
Mesures renforcées
C‘est dommage, mais finalement, c‘est une réaction que l‘on comprend, c‘était trop tentant pour le commerçant déjà mis à mal. Beaucoup se demandent si le début des soldes le 1er août aura le même effet que le 1er juillet habituel. L‘idée des ‘soldes qui commencent le 1er juillet‘ est si profondément ancrée chez la plupart des consommateurs que l‘industrie craint de ne pas pouvoir recréer le même effet le 1er août. De plus, à partir du mois d‘août, des nouvelles mesures ont été imposées, telles que l‘obligation de faire ses courses seul et la limitation à une demi-heure dans les magasins.
Nombreux efforts pendant le confinement
Pendant la fermeture, les magasins de pierres ont été fermés, mais pour 60% de nos commerçants, ce n‘était pas une raison pour rester avec les costumes. Toutes sortes d‘initiatives ont été mises en place. La majorité des détaillants ont proposé de livrer les modèles commandés au domicile des clients. Pour les clients de la même commune ou du même quartier, il s‘agissait souvent d‘un service supplémentaire et très apprécié, et pour le détaillant, ce n‘était pas si compliqué au final: pas besoin de rester debout dans le magasin.35% des détaillants sont même allés plus loin: une sélection de chaussures a été apportée au domicile du client pour qu‘il puisse les essayer et les acheter. ”Si le client ne peut pas venir au magasin, alors le magasin viendra à lui.”
Des initiatives en ligne aussi
Les réseaux sociaux des détaillants de chaussures ont également bien soutenu la publicité: la moitié d‘entre eux ont utilisé Facebook, Instagram ou, entre autres, des tweets pour faire connaître leurs produits. Certains détaillants qui avaient déjà une simple boutique en ligne dans le passé: celle-ci était souvent rafraîchie et/ou étendue pendant la période de fermeture. En bref, les chiffres montrent qu‘en mars (9,5%) et en avril (3,7%), un chiffre d‘affaires minimum a encore été atteint. ”Une paire est une paire”, c‘est ce qu‘on dit. Les réponses sont partagées en ce qui concerne le soutien du gouvernement aux magasins qui ont dû fermer. Certains ont vraiment apprécié le geste, pour d‘autres, cela ne valait pas mieux qu‘un peu d‘argent de poche.
Chiffres par jour
Si l‘on compare le chiffre d‘affaires réalisé par jour et par mois, au cours du premier semestre, on constate qu‘il y a des fluctuations par rapport à l‘année dernière. C‘est un phénomène qui se produit chaque semestre et pour lequel il n‘y a pas d‘explication concluante. Le fait est cependant que le mercredi (ventes de chaussures pour enfants), le vendredi et le samedi représentent ensemble la part du lion du chiffre d‘affaires: 66,2% en 2020 et 64,4% en 2019. Cette tendance s‘observe d‘année en année. Le chiffre d‘affaires total par jour est légèrement inférieur à 100%, car nous ne comptons pas les ventes le dimanche. Un certain nombre de magasins de chaussures sont en effet ouverts le dimanche (matin), mais c‘est généralement dans les centres touristiques et ces pourcentages ne sont pas inclus dans la moyenne générale.
Chiffres par mois
En ce qui concerne le chiffre d‘affaires mensuel, bien sûr, aucune comparaison n‘est possible. Il est vrai, cependant, que l‘année 2020 avait plutôt bien commencé avec un chiffre d‘affaires cumulé en légère hausse pendant les deux premiers mois. L‘année avait donc relativement bien commencé, jusqu‘à ce que le Covid-19 s‘en mêle. Que le premier semestre de cette année se termine sur une moyenne de -30% n‘est donc pas une surprise. Pour autant que nous sachions, le nombre de clients au cours du premier semestre a également diminué pour presque tout le monde, un phénomène qui sera vite oublié une fois que l‘on aura retrouvé une activité normale. Si le client retourne en magasins.
Paiement par carte ou en liquide
Le mode de paiement dans les magasins de chaussures reste pratiquement inchangé: l‘argent liquide (14%) et Bancontact (76,5%) représentent ensemble 90,5% des paiements dans le magasin (respectivement 13,3% et 79% = 92,3% en 2019). La carte de crédit est utilisée à 9% (7,2 % en 2019), mais les modes de paiement alternatifs peinent à décoller. Les paiements par internet, les paiements par téléphone et les virements restent très rares. Les paiements hors espèces sont toutefois voués à évoluer à l‘avenir, mais il faudra des années (ou une génération) avant qu‘une nouvelle formule ne soit introduite. Comme les paiements par chèque devenus totalement inexistants en 2020.
Quel avenir?
A notre connaissance, aucun commerçant ne sait prédire l‘avenir et la plupart des boules de cristal ne se trouvent que dans les histoires pour enfants. Lorsqu‘on les interroge sur les perspectives d‘avenir de l‘industrie - et plus précisément sur le second semestre - les détaillants restent sans réponse. La question la plus importante est de savoir dans quelle mesure le coronavirus pourra être combattu. C‘est la question clé pour tout le monde.
Et après? Les avis sont partagés: pour la majorité, cela reste une grande inconnue, pour certains, l‘activité continuera à péricliter, tandis que les plus optimistes s‘attendent à un avenir plus rose et entendent déjà le tintement des caisses enregistreuses. Nous rejoignons déjà ce dernier groupe. Les achats pour la saison prochaine sont également sous pression: comment les fournisseurs vont-ils réagir? Combien de stocks resteront et seront à nouveau disponibles l‘année prochaine? Tout cela sera sans doute plus facile à analyser d‘ici septembre.