L’essor des voitures chinoises: un coup dur pour l’industrie automobile et l’économie en Europe
La transition vers des voitures 'vertes' s’opère à une vitesse fulgurante dans l’UE. La part de marché est passée de 11% à 47% en deux ans. La voiture à batterie est de loin la plus populaire à cet égard. Les véhicules électriques à batterie (BEV, battery electric vehicles) venant de Chine ont particulièrement la côte. L’assureur-crédit Allianz Trade met en garde contre ce coup dur infligé par la Chine à l’industrie automobile européenne et, donc à l’ensemble de l’économie européenne.
Johan Geeroms, Director Risk Underwriting Benelux chez Allianz Trade: "L’industrie automobile est à nouveau redéfinie. Il y a 15 ans, le gouvernement chinois s’était déjà pleinement investi dans les BEV. De grandes entreprises publiques ont été créées et celles-ci arrivent aujourd’hui en force sur le marché européen. Les trois voitures à batterie les plus vendues en 2022 sont chinoises. Bientôt, toutes les voitures viendront de Chine, qu’elles soient fabriquées par une marque chinoise ou bien qu’elles soient de marque américaine et européenne et fabriquées sur le sol chinois. Elles répondent à toutes les exigences européennes." Le préjugé selon lequel les voitures chinoises sont de qualité inférieure n’est plus d’actualité.
Roulerons-nous bientôt tous avec des voitures chinoises?
Selon Geeroms, cet essor chinois est non seulement un énorme coup dur pour l’industrie automobile européenne, mais aussi pour l’économie européenne dans son ensemble. "L’Europe est le premier exportateur mondial de voitures. Cette dernière décennie, le marché automobile a généré entre 70 et 110 milliards d’euros d’excédent commercial pour l’économie européenne. Encore aujourd’hui, quatre voitures sur cinq vendues en Europe sont aussi assemblées sur le Vieux Continent. Mais cela commence à fortement diminuer. Dans les années à venir, l’Europe se tournera largement vers les voitures fabriquées en Chine." Selon Geeroms, d’ici 2030, les constructeurs automobiles européens pourraient perdre collectivement plus de 7 milliards d’euros de bénéfices nets annuels.
Le bureau d’études d’Allianz Trade indique que le secteur de l’automobile, le plus grand secteur industriel de l’Europe, représente 10% de la valeur ajoutée du secteur manufacturier. Ce chiffre est encore plus élevé en Allemagne (15%), Hongrie, République tchèque et Slovaquie (environ 20% ou plus). L’industrie automobile est également un client important dans les secteurs du métal, du plastique et de l’électronique.
Le marché de l’automobile se réinvente
L’impact de l’électrification de l’industrie automobile européenne est énorme selon Geeroms. "Prenons l’exemple de la propulsion, qui représente généralement 25% à 30% du coût total d’une voiture. La propulsion électrique est beaucoup plus simple et nécessite beaucoup moins de pièces. C’est le prix de la batterie qui est ici plus élevé. Une technologie en remplace une autre. L’ensemble de l’écosystème européen autour de la construction automobile est en train d’être repensé. Il s’agit d’une menace directe non seulement pour les constructeurs automobiles eux-mêmes, mais aussi pour le vaste réseau d’entreprises qui les entoure."
Comment stopper cette progression chinoise? Geeroms: "Il faut alors se pencher sur les conditions commerciales. Les décideurs politiques devraient également s’efforcer de maintenir l’assemblage au sein de l’UE. En outre, il est important que l’UE investisse de manière substantielle dans la technologie des batteries et produise du lithium pour son propre usage."
Allianz Report - The Chinese challenge to the European automotive industry.pdf

